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Les emballages deviennent plus petits et le contenu plus léger, mais le prix ne baisse pas. C’est ce qui s’appelle la shrinkflation. Et c’est un phénomène auquel il faut prêter une attention particulière dans tous les supermarchés. Mais que se cache-t-il derrière ce concept ? Quelles sont donc ces manigances que les marques opèrent à l’insu des consommateurs ?
Quel est donc ce phénomène dans les supermarchés ?
Le néologisme shrinkflation vient de l’union de deux termes anglais. Il s’agit, en effet du verbe « to shrink », qui signifie restreindre, et le terme « inflation », qui signifie la croissance générale des prix.
Il s’agit d’un phénomène que nous observons depuis des années et qui consiste en la tendance des producteurs à réduire la quantité de produit à l’intérieur des emballages, tout en maintenant le prix sensiblement inchangé.
Dans d’autres cas, cependant, le prix du forfait augmente, même si c’est dans une mesure limitée, en réponse à la réduction de son contenu. Il s’agit d’un stratagème qui vise augmenter les prix de manière non transparente, sans que des consommateurs inattentifs ne s’en aperçoive dans les supermarchés.
Ces dernières années, de nombreux produits courants ont vu leur quantité diminuer sans que les prix baissent. Comme le relaye actu.fr, en septembre 2023, plusieurs exemples ont été mis en lumière. Par exemple, le paquet de chips Lay’s a chuté de 300 g à 250 g, avec une hausse de prix de 2,90 euros à 3,20 euros.
À lireLa gendarmerie alerte sur cette arnaque dangereuse qui sévit dans les supermarchésDe même, la bouteille de thé glacé Lipton a chuté de 1,5 litre à 1,25 litre, avec une hausse de 40 % du prix.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement français a mis en place, depuis le 1er juillet 2024, une obligation pour les distributeurs d’informer les consommateurs sur les réductions de quantité qui s’accompagnent d’une hausse du prix au litre ou au kilo. L’État a prévu des amendes de 3 000 euros à 15 000 euros en cas de non-respect de cette loi.
Le biais cognitif du chiffre de gauche
Bien que la shrinkflation soit légale, selon actu.fr, 67 % des Français la trouvent inacceptable. Cela soulève donc de nombreuses questions. Par exemple, pourquoi certaines diminutions de quantité semblent-elles plus marquantes que d’autres, même si la différence en poids ou en volume est identique ?
Des études récentes que Mario Pandelaere de l’Université Virginia Tech a menées montrent que notre perception des réductions varie selon la structure des nombres. Et notamment l’effet du chiffre de gauche, la quantité initiale et nos repères de formats standards.
Notre cerveau ne traite pas les nombres de façon totalement rationnelle. Le biais cognitif du chiffre de gauche montre que nous faisons trop attention au premier chiffre d’un nombre. Par exemple, une réduction de 400 à 395 grammes paraît plus significative qu’une réduction de 450 à 445 grammes. Pourtant, la perte est de 5 grammes dans les deux cas. Quelle est l’explication ? Dans le premier exemple, nous passons d’un nombre commençant par « 4 » à un nombre commençant par « 3 ». Ce qui semble être un changement plus radical.
Cet effet se retrouve aussi dans d’autres domaines, comme la perception des prix. Un produit à 9,99 euros semble beaucoup moins cher qu’un produit à 10,00 euros… Pourtant la différence est minime ! Dans le cas de la shrinkflation, cet effet peut renforcer la réaction des consommateurs face à certaines baisses de quantité dans les supermarchés.
La quantité initiale du produit
Par ailleurs, la quantité initiale d’un produit influence notre perception des réductions. Des études montrent qu’une grande quantité de départ rend la réduction dans les supermarchés moins frappante. Par exemple, une baisse de 50 ml sur une bouteille d’un litre semble moins significative que sur une bouteille de 250 ml. Et ce même si la perte de produit est identique !
Cela s’explique par notre tendance à évaluer les changements en pourcentage plutôt qu’en valeur absolue. Une perte de 50 ml sur un litre représente seulement 5 %. Tandis que sur 250 ml, elle atteint 20 %. Cette différence d’échelle affecte notre ressenti. Elle peut alors expliquer pourquoi certaines réductions passent inaperçues, alors que d’autres provoquent une forte réaction des clients en supermarché.
Comment se prémunir de ce phénomène dans les supermarchés ?
Dans les supermarchés, ces biais cognitifs ont des conséquences réelles pour les clients. En comprenant notre perception des réductions de quantité, nous pouvons agir de manière plus objective et éviter des erreurs d’interprétation.
Découvrez ces quelques conseils :
1. Comparez le prix au kilo ou au litre :
En supermarché, ne vous fiez pas seulement à la taille de l’emballage. Regardez les prix unitaires sur les étiquettes.
2. Vérifiez les anciennes et nouvelles tailles :
En supermarché, si un produit semble plus petit, comparez-le avec des versions précédentes pour voir si la quantité a changé.
3. Ne vous laissez pas tromper par des ajustements mineurs ! Et surtout s’ils sont proches des formats standards ou si la quantité initiale est importante. Une perte de quelques grammes peut sembler négligeable, mais si vous la cumulez sur de nombreux produits, elle peut affecter votre budget.